Savez-vous qu’il existe de nombreux allergènes dans les cosmétiques ? Y compris dans les cosmétiques bio ? Je vais vous expliquer ça.
Dans la foulée de mon précédent post, je me suis chauffé sur le sujet, et je voudrais vous parler plus largement du problème des allergènes présents dans les cosmétiques bios, car c’est un vrai sujet. Vous allez utiliser un cosmétique parce qu’il est naturel, et il va vous déclencher des réactions désagréables, donc il vaut mieux être informé au préalable. C’est pourquoi Celtica va systématiquement faire une analyse approfondie et vous fournir toute l’information sur les possibilités d’allergènes dans un produit. Il existe des allergènes bien connus, répertoriés comme tels. Et puis, il y a d’autres allergènes qui n’impactent qu’un petit nombre de gens, mais il est intéressant de le savoir, car de plus en plus de personnes développent des réactions allergiques. Dans les substances soumises à restriction par la réglementation, il y a ainsi 26 allergènes dont la concentration est limitée. Au passage, vous voyez parfois le terme hypoallergénique sur certains produits, qui n’est pas une garantie en soi. Il n’y a pas de norme en la matière. Quant à ceux qui vantent une meilleure tolérance, c’est souvent une déclaration d’intention, ils sont comme les autres sans tests ou contrôles vraiment particulier, ce n’est souvent qu’un argument marketing. Revenons au point de départ : l’allergie. Il y a une phase dite de sensibilisation dans laquelle le système immunitaire va développer une défense face à une substance qu’il va considérer comme une agression, en étant généralement asymptomatique ; puis, il y a une phase dite de réaction allergique (ou effectrice) où lors d’un nouveau contact avec la substance allergène, des substances comme l’histamine ou la cytokine sont libérées provoquant une réaction inflammatoire. Il y a des allergies cutanées (de contact), respiratoires, alimentaires, qui parfois se combinent. Il y a même des allergies photosensibles, c’est-à-dire qui pour certaines substances de médicaments ou même de plantes sont déclenchées par le soleil, et il y a aussi des combinaisons de substances qui deviennent des allergènes, cela peut être le cas de médicaments avec des cosmétiques, par exemple pour un anti-inflammatoire comme le kétoprofène avec de l’octrocrylène que l’on trouve encore dans certaines crèmes solaires.
Le nombre de personnes allergiques est important, de plus en plus, de l’ordre de 30% de la population, et les personnes ayant des allergies de contact (eczéma, urticaire, dermatite) représentent presque 20% de la population, soit 1 personne sur 5. Une cosmétovigilance a été mise en place pour les effets indésirables des produits cosmétiques, avec quelques centaines de déclarations par an.
Une liste de 26 substances allergènes réglementées a été établie, la plupart de ces allergènes étant des substances parfumantes, naturelles ou synthétiques. 5 d’entre elles ont un potentiel allergène vraiment élevé (deux lichens extraits de mousse d’arbre l’evernia prunastri et l’evernia furfuracea, le cinnamal présent dans les huiles essentielles de cannelle, hyacinthe, muscade et patchouli, l’isoeugenol présent dans les huiles essentielles d’Ylang-Ylang, clou de girofle, cannelle, et le methylheptincarbonate à l’odeur de violette synthétique). Les concentrations sont réglementées ainsi que les normes de fabrication par l’IFRA (International Fragrance Association).
D’autres substances allergènes sont répertoriées par le CSSC (comité scientifique pour la sécurité des consommateurs), avec 3 listes contenant 82 allergènes confirmés (56 de plus que la réglementation), 26 allergènes probables et 48 allergènes possibles. Et il faut bien comprendre que comme pour la pollution, on ne peut pas prendre une substance isolée avec une exposition unique, une partie du problème actuel vient de l’exposition répétée et de « l’effet cocktail ».
Pour les gens ayant une peau sensible ou une peau allergique, les produits bio sont-ils une bonne solution ? Nous avons vu notamment que les conservateurs étaient nécessaires en bio, mais parmi les 59 conservateurs listés dans le règlement européen, 6 sont autorisés par Cosmebio parce qu’ils sont « nature like », c’est-à-dire qu’ils peuvent exister à l’état naturel dans des plantes (l’acide déhydroacétique, l’alcool benzylique, l’acide sorbique, l’acide salicylique, l’acide benzoïque et le benzoate de denatonium). Ils sont cependant généralement synthétiques. Les 3 premiers de la liste sont potentiellement allergisants. Quelques conservateurs sont vraiment naturels, à base d’huiles essentielles et d’alcool. Mais l’alcool a le défaut d’être desséchant et les huiles essentielles sont à manier avec précaution car ce sont des ingrédients concentrés et extrêmement actifs, même si ce sont par ailleurs de très bonne molécules odoriférantes, avec de très petites quantités et si elles possèdent de nombreuses propriétés qui ont un intérêt pour les produits cosmétiques. Gwenaëlle parlera beaucoup plus largement que moi de l’aromathérapie et je me contenterai de faire un post sur quelques aspects techniques liés aux huiles essentielles.
Après les conservateurs, les cosmétiques bio utilisent parfois des céréales comme émulsifiants, et en particulier les HPB (hydrolysats de protéines de blé), qui est fabriqué par désamidation du gluten, entraînant la création de nouvelles chaînes d’acides aminés, ces protéines étant responsables de la formation d’anticorps allergiques.
D’autres substances très intéressantes et largement utilisées en bio peuvent parfois provoquer des réactions allergiques chez certaines personnes, comme l’arnica ou la propolis. C’est rare et généralement bénin, mais lors de la survenue d’une réaction allergique, il ne faut pas exclure cette hypothèse.
Enfin, quelques mots sur un produit particulier très apprécié des magasins bio, le baume du Pérou. C’est une résine issue de l’écorce d’un arbre, utilisée comme antiseptique et cicatrisant, contenant de nombreuses molécules naturelles. Or, sa prévalence est de presque 20% dans les dermatites du cuir chevelu.