Les vertus du karité sont liées à sa richesse en insaponifiables, qui ont été souvent dénaturés par un raffinage peu délicat
Le karité est devenu une des stars cosmétiques d’origine naturelle, et fait l’objet d’un greenwashing important. Comme chacun le sait, les noyaux des noix de « l’arbre à beurre » d’Afrique occidentale et centrale sont utilisés pour produire le fameux beurre de karité. Il était utilisé localement depuis très longtemps dans l’alimentation et les soins de la peau, et il a commencé à être utilisé par l’industrie agro-alimentaire comme matière grasse végétale et dans les cosmétiques depuis une vingtaine d’années en raison de ses propriétés nourrissantes et anti-inflammatoires.
Il est en effet riche en acides gras (oléique, linoléique, stéarique) et ses insaponifiables (la fraction résiduelle après saponification des matières grasses) sont importants (10% dans le karité brut) et intéressants, contenant des composés terpéniques odorants (karéol, butyrospermol entre autres), des phytostérols anti-inflammatoires (dont les karistérols) et du latex naturel apaisant (le karitène).
Cela conduit à une surexploitation (près de 500000 tonnes par an) et à des dérives. Tout d’abord, les industries agro-alimentaire et cosmétique ont privilégié l’utilisation de karité raffiné, qui est blanc et sans odeur, mais souvent raffiné à haute température, éventuellement avec solvant (hexane). Or, il perd dans l’opération l’essentiel de ses insaponifiables et de ses nutriments (vitamines A et E) et devient une matière grasse plus banale.
Ensuite, la qualité de la production implique un travail important. En commençant par la récolte à la main des fruits murs et en bon état au sol. Si la qualité est moindre, on trouvera un peu de tout. Les travaux nécessitent de dépulper rapidement, de nettoyer, d’extraire les amandes (les noyaux) sans les abîmer, de les trier, de les sécher. Elles sont conservées généralement dans des sacs de jute, dans un endroit sec, couvert, aéré et pas à même le sol. Les amandes étaient traditionnellement lavées, concassées et la pâte obtenue était nettoyée à l’eau bouillante pour éliminer les impuretés. Ce type de traitement commence à être remplacé par de l’extraction par pression à froid (comme pour l’huile d’olive) puis par filtrage mécanique lent qui sont moins productives mais plus respectueuses des propriétés du fruit.
Un karité brut naturel est jaune clair et a une odeur caractéristique qui ne plaît pas forcément, la tentation est donc forte de le désodoriser à la vapeur voir de le parfumer et de le décolorer.
Au-delà de l’apparence et de l’odeur, un karité de Première qualité va nécessiter un ensemble de contrôles : point de fusion (32-45°C), teneur en humidité, teneur en impuretés insolubles, teneurs en acides gras, teneur en insaponifiables (minimum 7%), microbiologie, indicateurs de dégradation (FFA ou acides gras libres, PV ou valeur de peroxyde, HPA ou hydrocarbures polycycliques), teneur en vitamine A.