L’Aloe Vera bénéficie de pas mal de greenwashing. C’est une plante de zone aride essentiellement, donc assez largement importée, dont les vertus cicatrisantes pour la peau sont reconnues et dont le principal actif est l’aloïne. Il est d’ailleurs qualifié d’agent d’entretien de la peau par l’INCI et c’est un ingrédient qu’on trouve de plus en plus souvent car il a une bonne réputation et est bien vu des consommateurs.
Dans les produits cosmétiques, on trouve généralement du gel d’Aloe Vera, qui est souvent le principal ingrédient bio permettant au produit d’être certifié (c’est parfois directement de la poudre qui est utilisée). C’est une vraie substance naturelle, mais on ne sait pas comment elle est obtenue et d’où elle provient. En effet, l’Aloe Vera est le plus souvent importé en poudre puis réhydraté (comme le jus d’orange). Le double défaut, c’est qu’on ne sait pas bien ce qu’il y a dans la poudre, et que les fabricants peuvent beaucoup réhydrater, c’est-à-dire ajouter beaucoup d’eau, cela sera toujours compté comme un ingrédient bio. Donc, si on noircit un peu le tableau, la plante est maltraitée à haute température pour en faire de la poudre (on voit encore rarement de l’extraction à froid en cosmétique, car ça coûte beaucoup plus cher), puis noyée dans de l’eau (avec des gélifiants et conservateurs) pour avoir un gros pourcentage d’aloe vera dans la composition, qui est en fait de l’eau à 99% avec une substance naturelle dégradée pour le 1% restant. En bref, cela reste un produit intéressant, mais il est important d’être vigilant sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, pour ne pas risquer d’avoir un produit dénaturé, et sur son origine (on peut trouver de la poudre indienne ou chinoise à 10€/kilo extraite par solvant, mais il est difficile de maîtriser la qualité de la production).
Les ingrédients exotiques nourrissent l’imaginaire qui a une place non négligeable dans l’univers cosmétique, mais il est important de savoir d’où provient un ingrédient et comment il est produit (par exemple, le fait qu’il soit issu d’une filière de commerce équitable ne donne aucune indication réelle sur la qualité du produit).