La cire d’abeille

Un des plus anciens ingrédients précieux en cosmétique est la cire d’abeille (cera flava pour la non-raffinée ou cera alba pour la raffinée). Tous les produits de la ruche sont utilisés en apithérapie, Gwen vous en parlera beaucoup mieux que moi, et je vais me focaliser aujourd’hui sur la qualité de l’ingrédient pour un usage cosmétique.

La cire d’abeille contient des esters et des acides gras naturels nourrissants pour le film hydrolipidique et est un filmogène naturel (constituant un film protecteur sur la peau). La cire contient également des hydrocarbures naturels, des alcools, des stérols, des terpénoïdes et même des phéromones d’abeilles. La cire brute contient de la propolis qui est anti-inflammatoire et du pollen riche en flavonoïdes.

On la trouve donc dans des baumes et sticks à lèvres pour se protéger du froid, et dans des crèmes pour peaux sèches ou matures. Pour un préparateur de crème, c’est aussi un épaississant et un stabilisateur très utile.

 

La cire naturelle brute est jaune (grâce au pollen et à la propolis), mais on trouve le plus souvent dans les cosmétiques de la cire blanche qui a été très raffinée (souvent trop chauffée et trop filtrée).

La cire la plus pure est celle des opercules d’alvéoles (jaune clair, parfois un peu moins clair selon les miellées), celle des cadres étant plus sombre et moins pure (cire de corps contenant des impuretés).

Les meilleures extractions se font avec un céraficateur pas trop chaud (65°C généralement) après centrifugation du miel sur la cire de l’année en fin de saison (la vieille cire est nettement moins qualitative). La fonte ne doit pas être trop chaude avec de l’eau pure (sans solvant), et la cristallisation doit être lente avec décantation.

 

La cire cosmétique est souvent importée d’Asie (ou d’Afrique avec parfois des filières équitables), avec un risque fort de pollution chimique ainsi que de fraudes comme des adultérations, la cire étant coupée à la parrafine, la cire microcristalline, la graisse ou le suif végétal avec des ajouts de colorants (la fraude étant parfois en amont au niveau de la ruche).

Les teneurs en hydrocarbures (environ 15%), en esters (environ 70%) et en acides gras libres (environ 15%) peuvent être contrôlées avec les indices d’acides, d’esters (rapport de Hubl) et de saponification ainsi que les paramètres physiques (aspect, odeur, densité, fusion), mais le problème des polluants environnementaux et des pesticides et acaricides (contre Varroa) est réellement important pour les produits de la ruche et impose d’avoir une bonne traçabilité, et donc une filière locale. De très bonnes productions françaises de cire d’opercule bio existent par exemple en Auvergne, dans les Vosges et le Jura.

Enfin, des allergies à la cire peuvent parfois se manifester par des rougeurs et démangeaisons, surtout en raison du pollen et de la propolis. Et la cire n’est pas vegan puisque que c’est une forme d’exploitation animale, cependant son remplacement par des cires végétales n’apporte pas les mêmes propriétés.