Cruelty free ?

Les expérimentations animales sont strictement interdites en Europe depuis plusieurs années, mais les entreprises qui sous-traitent massivement maîtrisent-elles bien toute leur chaîne amont ?

Un pictogramme apparait fréquemment sur les emballages des cosmétiques, c’est le Bunny « Cruelty Free » de la PETA. Il y a également le logo « One Voice » assez similaire en un peu plus strict.

Ces affichages ont créé des tensions avec les autorités européennes, car en Europe, les tests des cosmétiques sur les animaux sont interdits depuis 2004, et pour les ingrédients utilisés dans les cosmétiques depuis 2009, règlements renforcés en 2013 avec la disparition de toute dérogation (qui étaient utilisés pour étudier les effets à long-terme). Depuis 2016, l’importation de produits cosmétiques testés sur des animaux est même interdite par la cour de justice européenne. Par conséquent, écrire sur une étiquette qu’un produit n’est pas testé sur les animaux serait se vanter de quelque chose d’obligatoire, ce qui est interdit car considéré comme de la publicité abusive.

La subtilité est que le label « Cruelty Free » de la PETA affirme que la marque s’engage à ne pas vendre le produit labellisé dans des géographies où les tests sont autorisés. En effet, pour d’autres secteurs d’activité, il n’y a pas forcément d’interdiction (il pouvait même y avoir des contradictions pour les ingrédients chimiques réglementés par REACH), et pour d’autres géographies non plus : aux Etats-Unis, cela dépend des Etats, et en Chine, les tests sur les animaux étaient même obligatoires sur les cosmétiques importés jusqu’en 2021.

Si des marques européennes ou vendant en Europe commercialisaient encore des produits ayant été testés sur des animaux, elles violeraient donc la réglementation depuis 10 ans, et dans l’époque actuelle de développement de la responsabilité sociale et environnementale, cela pourrait être catastrophique pour elles en termes d’image, au-delà du risque juridique.

Mais que ce logo continue à fleurir signifie surtout que la PETA peut continuer à affirmer aujourd’hui que certains fabricants européens utilisent encore des ingrédients testés sur des animaux dans leurs produits sans être clairement contredite. Cela démontre une chose importante : c’est qu’en ayant recours à de la sous-traitance mondialisée massive, les marques ne maîtrisent pas correctement la traçabilité de leurs ingrédients. Quand elles les achètent, elles ne savent pas suffisamment d’où ils viennent et comment ils sont produits. C’est pour cela qu’il est temps de travailler directement avec des fabricants locaux ayant recours à des fournisseurs d’ingrédients locaux pour bien comprendre comment les produits sont fabriqués et avec quoi.